« Nous chauffons notre eau en méthanisant notre petit-lait »
En 2022, l’alpage de Plan Pichu a installé une unité de méthanisation pour valoriser son petit-lait et alimenter la chaudière de la fromagerie.
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Sur l’alpage de Plan Pichu, le petit-lait issu de la fromagerie n’est plus un déchet. En effet, il est valorisé depuis cette année dans une installation de microméthanisation. Le biogaz produit alimente directement la chaudière de la fromagerie. L’installation est située sur la commune d’Aime-la-Plagne, en Savoie, où la fromagerie produit du beaufort. L’eau chaude sert notamment à la fabrication du fromage.
« Avant, nous utilisions une chaudière au propane alors que le petit-lait était envoyé dans des lombricomposteurs. C’est en cherchant une solution pour valoriser les milliers de litres de lactosérum issus de la fromagerie que la société Méthalac nous a conçu une micro-unité de méthanisation capable de fonctionner uniquement pendant les estives », explique Matthieu Lachenal, associé du Gaec du Consortage. À son arrivée sur le groupement agricole, il est devenu responsable de la partie relative à la méthanisation de l’alpage.
Des ajouts pour méthaniser
« L’unité est alimentée par du petit-lait. En sortant de la fromagerie, il est envoyé dans une tonne à lisier qui fait office de réservoir tampon. Elle a été ajoutée à l’installation d’origine, pour faire travailler le petit-lait. Le but est qu’il conserve sa température et s’acidifie, pour perturber le moins possible les paramètres du liquide déjà présent dans l’unité. Une fois qu’il a commencé à travailler, le petit-lait est envoyé dans une cuve isolée thermiquement. Lors de cette étape, du chlorure ferrique est ajouté pour que le liquide continue de chauffer et de s’acidifier avant de partir dans le digesteur. Les paramètres idéaux sont un PH avoisinant les 3,5-3,25 et une température de sortie de la cuve aux alentours des 50°C », indique Matthieu.
Une fois les bons paramètres atteints, le lactosérum est envoyé par une pompe péristaltique dans le digesteur. Le fond de ce dernier est en forme de pointe de diamant et chaque angle est muni d’un tuyau pour faire circuler le mélange, composé de lactosérum et de micro-organismes. En effet, pour produire du méthane, le petit-lait doit être digéré par des bactéries. Elles sont ajoutées sous forme de granulés dans le digesteur en début d’estive et produisent du méthane jusqu’à l’arrêt de l’unité en début d’automne. « Nous avons néanmoins dû en ajouter plusieurs fois en cours de saison, car à cause des défauts de l’installation, les bactéries ont été évacuées avec le digestat vers la poche de décantation », précise Matthieu.
Le gaz produit est envoyé dans une cuve de stockage. Il est alors systématiquement analysé et ne va être utilisé que s’il contient un minimum de 51 % de méthane. « Au mieux, nous montons à 65 %. Nous avons un réel suivi de la qualité du gaz produit par l’unité car les analyses ont lieu toutes les trente minutes et sont toutes conservées sur un serveur. » Il est ensuite envoyé dans la chaudière qui, lui, est dévolue pour être brûlé. En effet, le brûleur n’est pas le même que pour du propane. L’installation est donc équipée d’une seconde chaudière, adaptée à ce nouveau gaz.
10 000 litres d’eau chauffés
L’eau chauffée va être stockée dans trois ballons, prévus pour alimenter les bâtiments de l’alpage. Les deux premiers, d’une capacité de 4 000 litres, servent à chauffer les cuves de lait pour fabriquer le beaufort et le plancher chauffant du digesteur. Le troisième peut contenir 2 000 litres et est destiné à l’eau chaude sanitaire. En effet, l’alpage accueille également l’habitation des bergers pour la saison.
Quand la chaudière au méthane ne fonctionne pas, celle au propane est toujours présente et prend le relais. Si le besoin en chauffe est limité et que la cuve de méthane est pleine, le gaz est brûlé par la torchère.
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